Ciné-Club |
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Hommage à FOSKOLOS
Υπολοχαγός Νατάσσα – Sous-lieutenant Natacha est un des plus grands succès populaires de la cinématographie grecque de tous les temps (plus de 700.000 tickets vendus en 1970). C’est pourquoi nous l’avons choisi pour rendre un hommage posthume à son auteur, Nikos Foskolos, récemment disparu – le 30 octobre dernier – à l’âge de 86 ans. Mais qui était Nikos Foskolos? Difficile de l’enfermer dans une seule catégorie car il a toujours eu plusieurs cordes à son arc : auteur contemporain, romancier, critique de théâtre et de radio, auteur dramatique et scénariste pour le cinéma et la télévision. Nikos Foskolos était né en novembre 1927, à Athènes. Dernier né d’une famille pauvre, il en a conservé une hantise permanente : la peur de manquer. Très jeune, il travailla pour avoir un peu d’argent de poche et pouvoir s’acheter des livres. Il fit des études supérieures en sciences politiques à l’université d’Athènes. Il travailla, au début (1950-1960), comme journaliste, à Εμπρός (« En avant ») et Ανεξάρτητος Τύπος (« La Presse indépendante »), comme reporter artistique et critique de cinéma. Son goût, cependant, ou une inclination naturelle le portèrent assez vite vers des auteurs dramatiques et c’est ainsi que sa première pièce radiophonique : Ο θάνατος θα ξανάρθει – La mort reviendra, vit le jour au milieu des années ’50 et lui ouvrit la voie des ondes. D’ailleurs, un an plus tard, Finos la produisait. L’émission Les Histoires policières de Nikos Foskolos fut une série radiophonique très suivie dont l’édition en livres confirma, d’ailleurs, le succès.Par la suite, il se mit à écrire des scenarii, surtout pour Finos Film (70 environ), avant de couronner sa carrière dans le 7 e Art en devenant réalisateur avec Οι σφαίρες δεν γυρίζουν πίσω – Les balles ne reviennent pas (1967), puis Sous-lieutenant Natacha (1970). À partir de 1971, il s’occupe de télévision avec la série qu’il réalise Άγνωστος Πόλεμος – Guerre inconnue qui bat tous les records d’audience (92%). Il enchaîne, ensuite, des séries historiques ou dramatiques comme Le cri des loups, Romanos Diogène, ou Au nom de cela, tu vaincras.Après 1991, avec l’apparition de la télévision privée, il écrit le scenario de la série Λάμψη – Éclat, d’une durée record (14 ans et 3 457 épisodes, au total). En 1993, c’est la seconde série télévisée Καλημέρα Ζωή – Bonjour la vie, dont il a écrit le scénario, qui occupa le petit écran pendant 13 ans en 3 179 épisodes (connaissant des taux d’audience supérieurs à 90% !).Nikos Foskolos était membre de l’Union des rédacteurs de la presse athénienne, ainsi que de la Société des auteurs dramatiques grecs (dix pièces de théâtre, à son actif). Plusieurs fois récompensé – sept distinctions, au total, dans des festivals, je crois, trois prix et un prix d’État pour le scénario du film Concert pour des mitraillettes – Κοντσέρτο για πολυβόλα (1968). Parmi ses films primés, Οι αδίστακτοι – Les irréductibles, Πυρετός στην άσφαλτο – La fièvre de l’asphalte et Κοινωνία ώρα μηδέν – Société heure zéro, tandis que le film Το χώμα βάφτηκε κόκκινο – Terre sanglante de Vassilis Ghéorghiadis, dont il a écrit le scénario, fut proposé par l’Académie américaine des arts et des sciences pour l’Oscar du meilleur film étranger (en 1965).On lui a souvent reproché des scenarii trop linéaires ou démonstratifs, des dialogues artificiels voire des penchants par trop conservateurs ; pour faire face aux maux dont pâtissait la société de son temps, à l’immoralité ambiante, qu’il fustigeait à sa manière, il ne proposait pour tout salut que le renforcement des valeurs traditionnelles, familiales et patriotiques. À son crédit, toutefois, on doit porter une inépuisable passion de créateur, épris d’une inextinguible soif de vivre. Avec Υπολοχαγός Νατάσσα, une superproduction pour l’époque, tournée en Grèce, bien sûr (au lac de Kopaïs et à celui de Marathon), mais aussi à Dachau, à Chypre et ailleurs, dans le cadre reconstitué de la Seconde Guerre Mondiale, nous rendrons hommage, à notre façon, à l’homme et au créateur qui vient de nous quitter comme à son oeuvre bouillonnante de vie et d’amour pour son métier – qui, elle, sans nul doute, survivra.Et ce sera, pour nous, une façon de dire adieu, non seulement, à une personnalité riche et prolifique, mais également à une époque bien révolue et, pas moins, non plus, à des conceptions artistiques qui connurent leur heure de gloire – que dis-je, leur heure ? Leurs décennies de gloire, en y mettant un pluriel. Méditons ainsi sur un talent qui accompagna des générations de Grecs, traversa avec eux de tumultueux événements, leur procura de vives et quotidiennes émotions, sachant que ceux qui les ont partagées et qui sont encore des nôtres, sont et sommes, en définitive, loin d’oublier, quand nous nous retournons sur notre passé, un passé qui fuit, désormais, si vite, avec l’accélération des temps. Merci, Nikos Foskolos ! Texte écrit par Maria Roblin Responsable de la Commission Culturelle
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