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Aujourd’hui, nous aurons le
plaisir d’écouter Stergios Papastergiou, au sujet de l’essai dont il
est l’auteur, sur un thème qui nous intéresse tous et qu’il a ainsi
circonscrit dans son titre :
« L’installation des réfugiés Grecs du Pont, De Thrace et d’Asie
Mineure à Kalamaria de Thessaloniki après 1919.
La naissance d’un nouveau quartier »
Nous sommes déjà plusieurs à le connaître et c’est une excellente
occasion pour les autres de le rencontrer ! Je me réjouis donc de
vous le présenter, en esquissant de lui un rapide portait :
Il s'appelle donc Stergios Papastergiou et ce jeune homme n’a que 23
ans ; il est né à Thessalonique et il est diplômé du département
d'études balkaniques, slaves et orientales de l’université de
Macédoine, avec une spécialisation en histoire, ayant obtenu la très
élogieuse moyenne de 9,09/10, s’il vous plaît !
Cet étudiant brillant possède également d'excellentes
connaissances en anglais et en français, et d’utiles connaissances
en russe. Il a effectué un semestre d'études à Sciences-Po Rennes et
un stage de trois mois aux Archives historiques de l'hellénisme des
réfugiés (ΙΑΠΕ) ; il termine actuellement un stage Erasmus à la
Maison de la Grèce.
En tant que bénévole, il a participé à quatre festivals de films et
de documentaires à Thessalonique et à Athènes, à deux programmes de
formation Erasmus à l'étranger (en Allemagne et en Pologne) et
collaboré à un site web en ligne en y publiant des articles sur
l'histoire moderne et contemporaine, sans compter qu’il a aussi
été guide, toujours à titre bénévole, lors de l'événement Open House
Thessaloniki.
Récemment encore, il était coordinateur du comité culturel du
conseil municipal de la jeunesse de Thessalonique, dont il fut
membre pendant trois mandats.
Dans le cadre de la conférence « Dialogues archéologiques » qui se
tiendra en juin 2025, il présentera une partie de son travail
intitulé « Les bâtiments juifs dans le centre historique de
Thessalonique ».
Il s'intéresse à l'histoire contemporaine, à la littérature et au
cinéma, et pratique, comme amateur, la photographie de rue. Ses
photos n’en ont pas moins été primées à trois reprises, lors
d'expositions photographiques dans sa bonne ville de Thessalonique…
qui est aussi la mienne, ce qui me rend d’autant plus sensible aux
différentes facettes de son travail.
Au vu de son parcours, partagé entre des études assidues et de
multiples activités bénévoles, nourries sur les deux plans par la
même passion, on se doit de souligner son engagement dans la
transmission de la culture, relié à des qualités d’historien
soucieux de comprendre le passé pour mieux naviguer, grâce à ses
lumières, dans le présent, et pouvoir éclairer avec justesse les
réalités actuelles et les enjeux contemporains.
Un très bref aperçu de la thématique de ce soir.
Dans le cadre de ses recherches, l’auteur aborde la question de
l'installation des réfugiés grecs à Kalamaria, après leur arrivée
primitive en 1919, jusqu'à l'amélioration progressive des conditions
de vie après la Seconde Guerremondiale.
Dans un premier temps, un résumé de l'histoire de Kalamaria (située
au SE de Thessalonique) est présenté, en mettant un accent
particulier sur la période précédant l'arrivée des premiers
réfugiés.
L’étude décrit ensuite les circonstances dans lesquelles les
réfugiés du Caucase et d'Asie Mineure ont débarqué, leur accueil par
les Grecs du cru, les modalités de leur installation et leurs
conditions de vie précaires lors de la phase initiale, plus ou moins
longue de leur nouvelle et durable implantation.
Par la suite, sont scrupuleusement passés en revue le processus de
création d'établissements pour les réfugiés, l'attribution de
logements à ces derniers et la couverture des frais
d'hébergement, ainsi que le versement d'indemnitésdans les
quartiers de Kalamaria et la municipalité du même nom.
Il est question de l'état des infrastructures, rudimentaires
voire sordides sinon inexistantes dans la région, comme de leur
amélioration progressive.
Enfin, l’auteur présente une évaluation générale du processus
d'installation des réfugiés et de la transformation de Kalamaria
en un quartier faisant partie intégrante de la ville moderne de
Thessalonique.
Il note, ainsi, in fine, que Kalamaria a vu émerger un nouvel espace
urbain grâce à l’afflux de ces réfugiés, qui ont dû repartir de zéro
dans un environnement qui leur était, à l’origine, inconnu… et
hostile !
J’espère qu’à la fin de sa conférence, St. nous dévoilera quelles
ont été ses premières inspirations et comment il s'est découvert
une passion pour son sujet de recherche, au-delà du fait qu’il peut
alléguer cette circonstance éminemment atténuante qu’il est,
lui-même, natif de Kalamaria...
En conclusion, je voudrais souligner l’intérêt crucial du sujet
appréhendé par SP: l’installation des réfugiés grecs à Kalamaria,
comme points de départ et d’arrivée de la transformation sociale et
urbaine de ce quartier, à l’instar de nombreux autres endroits en
Grèce, après 1919, date clé, s’il en est. En prenant pour exemple
l'arrivée et l'installation exemplaires de réfugiés dans une
banlieue passablement « méprisée », osons le mot, de Thessalonique
au début du XX e siècle, un espace à peine habité, quasiment désert,
volontairement désert : avec tout ce que j’ai découvert grâce à
cette étude, je suis, désormais, encline à développer des réflexions
plus générales sur le sujet. Qu’est-ce qu’être un réfugié ? est-ce
un vecteur d’identification ? S'agit-il d'une identité propre ?
Chacun d’eux, avec ses spécificités individuelles, est déraciné,
mais ils se tournent tous vers l’État, a priori considéré comme la «
mère patrie ». En
même temps, quoi qu’ils fassent, une identité propre, différente,
émerge, entre mémoire et adaptation, dans la construction d’un «
nous » qui se définit par rapport à… « eux », les autres, les Grecs
de la Grèce. La question de l’intégration dans l’État et dans la
Nation est alors abordée. L'installation devient, de fait, vectrice
d’intégration, que ce soit en zone urbaine ou à la campagne, à
Kalamaria comme dans les plaines de Macédoine.
L’histoire vraie que nous conte ce soir notre invité est le
récit authentique d’une métamorphose – celle d’un quartier qui,
après des années de travail, d’amour et de reconstruction, vibre
d’une identité nouvelle. L’installation des réfugiés a entraîné, par
construction, si je puis dire, non seulement une mutation physique
du paysage – avec la création d’infrastructures et d’ensembles
urbains – mais aussi une transformation sociale et culturelle.
Je vous encourage tous à écouter la présentation détaillée de
l'auteur, plus qu’illustrée, soutenue par un riche matériel
photographique et des témoignages oraux émouvants. À propos de cette
étude captivante qui nous dévoile comment, au cœur de la tourmente,
l'espoir et la détermination peuvent recréer un environnement et
bâtir une communauté qui se forge une nouvelle identité collective
et inscrit une page majeure dans l'histoire d'une ville, je voudrais
souligner la remarquable perspective multidimensionnelle qu’offre
ainsi l’auteur, mêlant histoire, urbanisme, sociologie et politique
et permettant de questionner les défis contemporains de l’accueil et
de l’intégration de populations déplacées.
Permettez-moi de le dire, il vérifie et actualise le mot que, dans
Le Cid, Corneille a placé dans la bouche de Rodrigue :
"Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur
n'attend point le nombre des années."
Je vous invite donc à partir en immersion dans ce sujet, riche
d’aspects historiques et humains, en plongeant dans une période
marquée par les bouleversements et la résilience.
Merci. La parole est à Stergios Papastergiou
Marie Roblin |
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