Chers Amis, bonsoir,
Bienvenue à l’exposition D’une
rive à l’autre,
consacrée à l’œuvre de Barbara Koutlidis.
Merci à Monsieur Lazaros Koutlidis d’avoir bien voulu nous la
proposer.
Née en Grèce, dans l’entre-deux guerres, elle vécut à Volos et à
Athènes, avant d’arriver à Paris en 1969 pour intégrer l’Académie de
peinture de Port Royal. Son talent s’y épanouit durant les années
’70, où elle participe à de nombreux Salons d’Automne. Elle expose à
Genève, à Kyoto et à Paris, avant de regagner Athènes.
Cette native de Grèce est nourrie des paysages de Corfou, baignés de
soleil et de lumière bleue et ocre, ainsi que de ceux de Crète,
d’Italie et de France — comme en témoignent ses tableaux « Place des
Vosges » vu, pour l’un, en été et, pour l’autre, en hiver. Pour
autant, Koutlidis ne peint pas la mer — elle peint ce que la mer lui
fait et nous fait ressentir. Elle ne représente pas les lieux, les
paysages de forêts, les maisons, les fleurs et les fruits — son
pinceau et ses couleurs révèlent et magnifient leur beauté, leur
sensibilité, leur mémoire, leur âme, en somme.
Si l’on se posait la question : qu’est ce qui, en définitive,
caractérise l’œuvre de Barbara Koutlidis ?
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Ce serait, tout d’abord, sa palette méditerranéenne : l’usage des
bleus profonds, des verts lumineux et des ocres solaires qui créent
une atmosphère à la fois nostalgique et vivante, propre à sa
sensibilité hellénique.
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Sa thématique de la mer et des lieux habités, ensuite : elle ne
peint pas de simples paysages, mais des lieux chargés d’histoire, de
présence humaine implicite, quasi sacrée.
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Enfin, son approche intuitive et émotionnelle omniprésente : ses
œuvres semblent guidées par une écoute intérieure, une sorte de
dialogue entre le visible et l’invisible — ce qui confère à sa
peinture une dimension subtilement poétique.
Les paysages qui se succèdent ici, sous nos yeux, ne sont pas à
proprement parler des paysages, comme on l’entend au sens classique.
Vous entrez dans des lieux de silence, de lumière et de mémoire.
Chaque toile est une respiration, une pause, une invitation à
ressentir et à méditer plutôt qu’à comprendre et à raisonner. C’est
ainsi que l’on saisit par l’art, que l’on est saisi par l’art. |


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Barbara Koutlidis peint le monde, son monde, sans chercher à le
représenter — elle s’attache, en effet, à en recevoir les forces, à
en révéler l’âme. Ses ports méditerranéens, ses barques bercées par
la houle, ses chapelles blanches, accrochées au loin à flanc de
montagne, ses maisons de pierre, à peine esquissées, tout le charme
magique du mont Pélion, sont autant de fragments d’émotion, de
beauté discrète et de spiritualité silencieuse.
Prenons le temps. Laissons-nous traverser. Car ici, la peinture ne
s’impose pas — elle nous attend patiemment, en ne posant de mots sur
rien.
Il y a des peintres narratifs, qui ont pour projet de raconter des
histoires. D’autres qui cherchent à capturer le réel comme dans
l’instant d’un obturateur. Barbara Koutlidis, quant à elle, peint ce
qui ne se dit pas. Elle s’exprime par la vivacité des touches, la
vélocité des ressentis, la verticalité des toiles, faisant danser
les couleurs, comme des suppliques intimes à la face de l’univers.
Ses toiles sont des fragments de silence, des éclats de lumière
méditerranéenne, des lieux qui semblent nous regarder autant que
nous les contemplons. Portes entrouvertes, champs d’oliviers,
sentiers perdus dans la forêt, mers calmes et maisons de pierre :
chaque tableau est une respiration, une prière sans mots.
Dans cette exposition D’une rive à l’autre, le
visiteur est invité à ralentir, à écouter ce que la lumière murmure,
à se laisser traverser par une beauté qui ne cherche pas à séduire,
mais à apaiser. C’est pourquoi, au fil de ma pérégrination de toile
en toile, m’est venu à l’esprit de compléter son titre ainsi :
Lumières de l’Invisible, Musiques du Silence.
En somme, Barbara Koutlidis ne cherche pas à impressionner par sa
technique, mais à toucher par la mémoire, la lumière et le silence.
Son œuvre est une invitation à ralentir, à contempler, à ressentir
et je ne me lasse pas de le redire : ses toiles sont des odes à la
lenteur, à la lumière, à un enracinement dynamique dans des lieux
habités.
Sa peinture ne crie pas, elle chuchote de toutes parts, marquant une
tranquille protestation contre l’oubli, célébrant un amour
coextensif à tout ce qu’elle voit. Elle ne montre pas, elle signe et
elle signale.
Je vous remercie. Bonne visite de l’exposition !
Marie Roblin
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