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Présentation de Mme Roblin Marie
Bonsoir et bienvenue, chère A.-L. Brisac-Chraïbi. Bonsoir et
bienvenue, Chers Amis Invités !
Merci d’être fidèles à nos rendez-vous.
Vous savez, d’ores et déjà, que
l'événement
de ce soir s'inscrit dans le cadre des manifestations
commémorant le centenaire de l’hellénisme à Paris dans sa
forme organisée, ce qui ne peut que nous rendre heureux et
fiers !
Il y a beaucoup de choses à dire à propos de notre invitée
d’honneur de ce soir… mais, comme le temps nous est compté,
je me contenterai, à contrecœur, de me limiter à l’essentiel
– et même à une petite partie de l’essentiel –, pour vous la
présenter et « survoler » ce qui sera – je crois– le fil
conducteur de son discours.
Qui est A.L. Br. ?
Pour accomplir sa formation, elle a obtenu :
Un DEA en lettres-histoire, art et lettres classiques à
l’ENS Saint-Cloud, suivi d’une agrégation de grammaire au
même établissement et d’un DEA en lettres et arts à
l’Université Paris-Nanterre.
Elle parle anglais et grec.
Initialement professeur de lettres classiques dans le
secondaire et en classes préparatoires, elle est éditrice
depuis plus de 10 ans, ayant fondé les Éditions Signes
et balises, et Responsable éditoriale à
Institut national d'histoire de l'art, depuis 2005.
Depuis 2018, elle est aussi
chargée de collection (grec moderne),
conservatrice en chef à
la Bibliothèque nationale de France.
Elle est donc la personne
toute indiquée pour nous révéler l’histoire et le rôle des
deux titres particuliers qui nous occuperont ce soir.
La fin de la décennie 1960 et les premières années de 1970
qui ont vu surgir et s’installer– après le coup d’État du 21
avril 1967– la dictature des colonels, se déroule dans un
climat très intéressant du point de vue intellectuel pour la
Grèce. Avant le coup d’État, la presse française reflétait
une image positive de la Grèce, si on se penche sur ce qu’on
lit dans le quotidien La Croix, fin décembre 1965.
(…que la Grèce est « un pays en mouvement perpétuel qui
imprime partout les traces de sa civilisation et de son
génie ». Ses visiteurs la connaissent avant même de s’y
rendre ».
C’est dans cette ambiance que se situe la genèse de deux
périodiques, Athènes,
Presse- libre
et Poreia, deux publications paraissant
en France (à Paris), et dont nous allons bientôt tout
savoir, grâce au travail de dépouillement que A-L Brisac a
effectué ; et qui vise à interroger la présence grecque
active en France et à Paris, essentiellement, durant les
années 1967-1974, à travers les rapports de l’époque et tout
ce qui s’écrivait à propos des activités des réfugiés
politiques hellènes, souvent documentées par eux-mêmes,
recevant tantôt le soutien, tantôt la désapprobation des
autorités françaises. Je suppose que les positions
officielles de la Junte et la manière dont elles furent
diffusées en France y sont aussi examinées.
Il y eut deux autres publications, en cette période,
d’inspiration similaire, poursuivant les mêmes objectifs et
s’adressant aux mêmes publics : L’autre Grèce
et Exode. Anne-Laure Brisac ne les a pas
encore « explorées », mais leur moment viendra, sans doute.
Cela a commencé, je pense, comme une situation bouleversée
par l’actualité, sachant qu’à la suite de l’instauration de
la junte à Athènes, une vague d’opposants grecs, exilés
volontaires ou non, a déferlé sur Paris. La capitale
française offrait alors des conditions très propices à la
résistance qui commençait à se manifester en Grèce. Des
personnalités emblématiques, au sens fort et non galvaudé,
comme Mikis Théodorakis, Mélina Mercouri, Andréas Papandréou
ou Constantin Caramanlis avaient déjà vécu auparavant à
Paris, tout comme beaucoup d’autres tels que Périklis
Korovessis, Évi Démiri ou Richard Soméritis qui, pour être
moins internationalement connus, n’en étaient pas moins
pourvus de prestige et d’influence.
Pour nous, ou la plupart d’entre nous, peut-être – que les
érudits nous pardonnent ! – les noms de Poreia
ou d’Athènes, Presse- libre n’évoquent
pas grand-chose, vaguement des titres en rapport avec la
Grèce… En fait, de quoi pouvait-il bien s’agir ?
Poreia
(en grec: Πορεία, donc “mouvement”, "progrès",
marche) était une revue politique et culturelle publiée par
des exilés grecs (à Paris) pendant la période de la
dictature militaire en Grèce, de 1967 à 1974, donc ; c’est
un magazine en grec qui se concentre sur la culture, l'art,
la musique et la littérature en Grèce. Il est apprécié pour
son contenu de haute qualité et sa présentation esthétique.
Cette publication trimestrielle est également connue pour sa
critique ouverte du régime militaire et pour son soutien aux
mouvements démocratiques en Grèce. Elle paraît de manière
régulière de 1969 à 1974.
Athènes Presse- libre
était une sorte de bulletin d’information,
d’analyses et de documents sur la Grèce, publié également
par des exilés grecs à Paris, pendant la même période, et
dirigé par les journalistes Stratis et Richard Soméritis. Il
était bien sûr connu pour son opposition au régime militaire
et pour son soutien aux mouvements de résistance en Grèce.
Il couvre l'actualité politique, économique et culturelle en
Grèce. Il se distingue par son approche critique et
indépendante du gouvernement et des médias traditionnels.
Ce « bulletin hebdomadaire d'information » ronéotypé aurait
été à participation grecque, française et belge (je mets
cela au conditionnel ; notre conférencière nous apportera
sans doute des précisions sur ce plan). Bref, cette feuille
d’actualité a été publiée pour la première fois en 1967.
Notons qu’il s’agit de la seule publication qui continua à
paraître sans interruption jusqu'en 1974, c’est-à-dire
jusqu’à la fin de la dictature.
Et cela, bien que des journaux comme Combat,
L’Humanité, Le Populaire et
surtout Le Monde, et des revues françaises
prestigieuses, telles que Les Temps
Modernes avec Sartre, Le Nouvel Observateur,
L'Express, Le Monde
Diplomatique et La Quinzaine littéraire
rapportent dans leurs articles, la situation de répression
politique, en Grèce, les abus et violations commis par les
autorités,
auxquels répondaient les
manifestations et soulèvements sur place, en vue de la
restauration d’un régime démocratique.
Les deux
publications, face à la presse officielle du pays, sont
considérées comme des voix alternatives et indépendantes.
Elles offrent, dans le paysage médiatique grec, une
perspective différente et naturellement beaucoup plus
ouvertement critique à l’égard des événements et des
tendances qui concernent la Grèce.
Elles ont
été importantes pour les Grecs qui avaient fui la dictature
et s’étaient réfugiés à l'étranger, en leur permettant de
rester en contact avec leur pays tout en continuant à se
battre, malheureusement de loin, pour le rétablissement de
la démocratie en Grèce. Avec
des
formes de lutte fort variées et souvent assez imaginatives
contre le régime grec : ce furent des points de rencontre
pour les organisations estudiantines grecques ; elles ont
rendu compte des nombreuses manifestations politiques,
culturelles et artistiques organisées en soutien à la lutte,
on dirait aujourd’hui : aux luttes (le singulier ne suffit
plus !) avec, aussi, un écho des oppositions et des révoltes
libres émanant des Grecs de Grèce.
Elles ont,
peut-être, aussi, mobilisé des réseaux grecs et français
d’hommes politiques, d’artistes et de scientifiques, les
incitant à s’engager en faveur de la chute de la dictature
en Grèce.
En conclusion, par ses médias et leur rayonnement à
l’international, la France fut un haut lieu de la résistance
contre le régime des colonels. Les actions de celle-ci y
furent fortement relayées dans l’opinion publique qui se
mobilisa largement aux côtés des opposants politiques en
exil et des hautes figures qui les représentaient, y compris
comme personnalités du monde culturel et intellectuel, si
bien que la société française servit de caisse de résonnance
à un combat qui dépassait le cadre d’un petit pays aux
confins de notre continent. La Grèce blessée au flanc de
l’Europe porte un poids symbolique bien plus considérable
que ce à quoi la réduiraient l’étendue de son territoire ou
la masse de sa population. Bref, tous les contextes
douloureux que nous allons évoquer vibrent encore dans la
mémoire collective. C’est pourquoi, chère A.-L. Brisac-Chraïbi,
nous allons prêter une attention très sensible au panorama
que vous allez avoir l’amabilité de dresser pour nous. Nous
vous en remercions d’avance. Nous sommes tout ouïe.
MR
FIN ICI.
Il me faut un mot pour faire une conclusion et dire qu’on
sera tout ouïe pour suivre le développement du sujet avec le
pourquoi, l’intérêt et ce qu’elle y a découvert. Il n’est
pas interdit de couper…
ronéotypée et bilingue intitulée Athènes-Presse libre (fig. 6)
fut suivie de près. Il s’agit de la
seule publication qui continua à paraître sans interruption.
Dirigée par les journalistes Stratis et Richard
Soméritis, elle était subventionnée par des collectes menées
dans les pays scandinaves.
Les formes que prit leur lutte contre le régime grec sont
fort variées. Paris devint le lieu où se constituèrent
plusieurs mouvements de résistance mais aussi un espace de
rencontres pour les organisations estudiantines grecques qui
s’activaient à l’étranger. De nombreuses manifestations à
caractère politique et artistique s’y tinrent, de nombreuses
publications d’opposition à la dictature y virent le jour.
Paris fut par ailleurs la ville où se déployèrent pour les
opposants grecs des réseaux d’évasion et d’accueil.
Par l’étude des riches sources archivistiques conservées par
les Archives générales de l’État hellénique, il s’avère
possible de déceler la présence des Grecs en France, et plus
particulièrement à Paris, en suivant leur action mais aussi
les positions officielles exprimées par le régime des
colonels.
pour
atteindre un public plus large en dehors de la communauté
grecque.
Cependant, la
langue principale de ces journaux était le grec.
ADIEU ET MERCI À " ATHÈNES PRESSE LIBRE " 22 août 1974
(périodique hebdomadaire
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