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Voyage en Andalousie
Tôt dans l’après-midi du jour J, en ce
dimanche du 13 octobre 2019 très encombré de nuages, un
groupe de 24 personnes a rendez-vous au Terminal 3 de
Roissy. L’aventure andalouse est sur le point de commencer…
Une fois derrière nous le vol et les
diverses formalités relatives au passage des frontières,
nous voici enfin en terre d’Espagne, Torremolinos,
notre point de chute, station balnéaire tout près de Malaga,
aéroport où nous avons atterri. Premier contact avec l’hôtel
Puente Real, et surtout… le restaurant et nos
chambres !
Après une première nuit, agitée pour
les uns, bénéfiquement reposante pour les autres, et un
petit déjeuner roboratif, nous partîmes, lundi, pour la
première excursion, celle qui nous permettrait de faire
connaissance avec Séville, la capitale de l’Andalousie.
Ayons ici une pensée souriante et reconnaissante pour
Emilio, notre guide et accompagnateur de voyage « attitré »
qui nous a moult fois raconté, en préambule dans le car, des
histoires et des anecdotes puisées dans le passé voire le
présent (!) des sites et des villes que nous allions
visiter. Ainsi, on peut dire que nous avons tout appris ou
consolidé nos connaissances sur la culture des oliviers et
des amandiers en Espagne. Séville est une très belle ville
qui a conservé la plupart des pavillons de l’Exposition
universelle de 1929 –véritables bijoux architecturaux – et
qui abritent actuellement des ambassades ou des
administrations. Nous nous sommes promenés dans un parc
immense, sur la place des Amériques et dans le quartier
juif ; après un déjeuner au restaurant, nous voici place de
l’Espagne où se trouve la plus grande cathédrale gothique au
monde, l’immense et très belle cathédrale de Santa Maria de
la Sede que Maria del Mar, notre guide particulière pour
cette visite, nous a fait découvrir : ses trésors, ses
peintures, le tombeau de Christophe Colomb et la tour de
Giralda, moitié minaret et moitié construction gothique dont
quelques téméraires du groupe parcoururent les 34 rampes
pour arriver au sommet, surmonté d’une statue en bronze de 4
mètres de haut, le Giraldillo, qui tourne avec le
vent. De là on a pu contempler un magnifique panorama de la
ville. De retour à l’hôtel, un bon dîner fut le bienvenu,
comme une animation à thème par un groupe jeune et dynamique
de six personnes, pour ceux qui avaient encore de l’énergie
à revendre.
Mardi fut consacré à Gibraltar. Après
avoir traversé la frontière, (car oui, il y a une
frontière !) nous avons rencontré ici le même Guadalquivir
qui traverse Séville et d’où sont parties les trois
caravelles de Colomb. Et aussi les pinsabo, pins de
l’époque des dinosaures, uniques à cet endroit. Terre
anglaise, pays très riche, banques, assurances, tourisme.
Nous avons longé la main street (Église, Cour de
justice, Palais du gouvernement).
After a plain old
fish and chips
at Roy’s, un plus petit car nous amena
jusqu’en haut du roc pour le Rock Tour, où on a
visité la grotte aux singes de Saint Mickael ; aussi bien,
nous avons tous été ravis par l’intérieur de cette grotte
aux innombrables chemins et recoins, aux stalactites et
stalagmites de toute beauté, tout comme par l’extérieur
offrant une vue magnifique sur le détroit – deux continents
et deux mers –. Sans compter le spectacle des macaques, ces
acteurs dans l’âme, qui vivent tranquillement là, en
famille. Après le rituel répété, mais en sens inverse, du
passage de la frontière, retour à l’hôtel.
Mercredi, ce fut Cordoue.
Premier jour où le départ est un peu plus humain (comprenez
un peu moins matinal !). On arrive dans le centre-ville
historique de l’ancienne capitale de l’Andalousie. Promenade
à travers les ruelles pittoresques où toutes les fenêtres
sont grillagées, les balcons fleuris et où les patios, bien
cachés, invitent à la détente et à la méditation.
Pélargoniums, géraniums et
jasmin se côtoient, s’entremêlent et se concurrencent sur
les façades blanches, le long des chemins pavés, le tout
ressuscitant chez nous des souvenirs d’îles grecques... Ici
passe également le fleuve de la Grande Vallée (le
Guadalquivir), qui prend sa source à la Sierra de Cazorta.
Ville sous triple influence, Cordoue fut marquée par les
civilisations romaine, arabo-musulmane, juive… Exemple
magistral : la Mosquée-Cathédrale, consacrée comme
cathédrale de Sainte-Marie, immense monument de 24.000 m2 et
de 45 chapelles, qui combine savamment de multiples apports
d’art et de culture courant sur des siècles d’occupations
diverses. Le guide désigné pour cette visite nous a
intelligemment montré le chemin des influences toutes en
finesses et en secrets dans un réseau labyrinthique de
piliers, dévoilant leurs messages sur les reliefs des
stèles. Nous fumes impressionnés par l’infinie patience de
ce travail artisanal et par la grandeur époustouflante
dégagée par l’ensemble.
Après avoir déjeuné dans un
charmant restaurant, nous nous sommes promenés dans le
centre de Cordoue, aussi enchanteur et calme qu’un village…
n’étaient-ce les touristes qu’on y croise !
Discussion animée dans le car,
pendant le retour, et bref repos avant le dîner et la
désormais immanquable fiesta du soir.
Jeudi et vendredi, journées
dites libres, nous avions le choix de participer à
des excursions d’une journée, d’une demi-journée, d’aller
vagabonder par nos propres moyens ou… de ne rien faire.
Ainsi, certains ont consacré un après-midi à Mijas,
village blanc de montagne où des petits ânes font office de
taxi – burros-taxi – et d’où on a une vue splendide sur la
côte, en dégustant du vin de pays ou de l’huile d’olive
sortie d’un moulin traditionnel. D’autres se sont dit « Viva
Andalucia » et se sont lancés à la découverte de l’intérieur
du pays, de ses parcs naturels, de la jolie ville
d’Antequera ; avec, à la clé, une escale à la ferme
d’agrumes de Juanito, le jovial propriétaire, assortie, bien
entendu, d’une dégustation. D’autres encore ont fait un tour
à Nerja, « Balcon de Europa », station balnéaire
animée aux jolies plages, combinant mer et montagne et à
Frigiliana, village réputé pour son charme andalou et
ayant reçu, à plusieurs reprises, le Prix européen de la
rénovation de village. Ou bien à la très belle Ronda
au grand patrimoine historique, la seconde plus ancienne
ville d’Espagne située sur un promontoire rocheux, ses
arènes, le pont unissant ses deux parties avec des paysages
et des vues à couper le souffle sur les gorges, des
restaurants et toujours un monde fou. Sans oublier
Marbella, ville balnéaire touristique par excellence
avec son joli « parque de Alameda » orné des sculptures de
Dali et qui mène à la promenade maritime. Au centre ville,
casco antiguo, des petites places fleuries abritent
cafés et restaurants, toujours bondés. À Málaga,
ville cosmopolite pas loin de notre hôtel, ceux qui y sont
allés ont pu découvrir la forteresse de l’Alcazaba,
la cathédrale construite à la place de la mosquée, la maison
natale de Picasso et le musée qui lui est consacré.
Vendredi soir, nous sommes tous
de sortie pour assister à un spectacle de Flamenco à la
taverne de Pepe Lopez. Danse qui puise ses origines en
Andalousie, le Flamenco est une fusion réussie de chant, de
musique et de danse. Tout en émotion et en passion, les
artistes ont su nous transporter, le temps d’une soirée,
dans un tourbillon de rythmes, de couleurs et de sensations
vers un ailleurs de pure fantasmagorie onirique.
Samedi, dernier jour,
l’apothéose avec la flamboyante Alhambra, la rouge en arabe.
En arrivant à Grenade, on
apprend, qu’au début du XIe siècle, des
fortifications entouraient les palais des nobles, tandis que
la ville était construite à l’extérieur. Notre visite débuta
par une promenade au célèbre quartier arabe Albayzin,
et à l’église Saint Nicolas d’où l’on peut voir se détacher,
sur la colline lui faisant face, l’Alhambra, en rouge et
ocre, sur fond de Sierra Nevada.
Après avoir abondamment marché
dans ce quartier où chaque maison semble un chef d’œuvre
d’inventivité à la beauté cachée, et après avoir admiré
l’Alhambra de l’extérieur, nous prîmes un très bon déjeuner
à Los Abades, hôtel de la périphérie de Grenade. Nous
voici, ensuite, devant l’Alhambra, prêts à nous jeter à la
conquête du surprenant monument, notre billet nominatif et
une pièce d’identité en main. À la tête du groupe, notre
guide chevronnée, une jeune femme, entraînante, pleine
d’humour et de connaissances. Nous entamons notre marche
pour une succession de palais, de forteresses et de jardins
à vous donner le tournis ; trois civilisations se succèdent,
se s’entrechoquent, se télescopent et se complètent,
laissant chacune des traces indélébiles, signatures et
cadres de vie, de quoi inspirer le prochain maître des
lieux. Palais mauresques et Cathédrale, Mosquée et Chapelle
royale, jardins à l’arabe et à la française, il y a de tout
dans l’Alhambra où résonnent, essentiellement, les noms des
Muhammad, d’Isabelle la Catholique et de Charles Quint. On a
les yeux pleins d’images harmonieuses, de décorations
raffinées, d’architectures soignées dans le moindre détail…
À eux seuls, les jardins, où l’eau est omniprésente, sont un
poème.
Nous quittons Grenade à regret,
avec, au cœur, la vigoureuse promesse d’y revenir.
Dimanche matin, 20 octobre. On
ne se berce plus d’illusions. L’Andalousie, c’est fini, le
retour est pour bientôt. Petit déjeuner, dernière promenade
à la plage très proche, valises, un café sur le pouce et
nous voilà à l’aéroport. Tout va très vite, au retour,
contrairement à l’aller…
Paris, plus frais, plus gris,
maussade. Peu importe : continue de chanter en nous
l’Espagne des maisons blanchies à la chaux et des fleurs qui
s’épanouissent au soleil, l’odeur du jasmin et, en prime,
l’accent mélodieux de la langue. Et les monuments alors,
toutes ces merveilles ? En fait, ils sont bien plus et bien
autre chose que des monuments, des églises ou des musées.
Quand on y réfléchit, à distance, ils deviennent de grands
exemples de tolérance, de continuité et de coexistence, sous
un même soleil, de civilisations et de conceptions
religieuses différentes. Miracle de la foi ? De la
civilisation ? D’une sorte de clairvoyance ? La réponse
appartient à chacun de nous. Les Espagnols ont appelé cette
longue période qui court de 711 à1492,
la convivencia. Une notion à
reprendre, ne croyez-vous pas ?
Marie ROBLIN
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