Vanias XYDAS,
né à Athènes, se passionne, dès ses jeunes années, pour la
photographie. C’est à l’université de Paris X Nanterre qu’il
débute ses études supérieures par un cursus d’histoire de
l'art ultérieurement complété par des cours de photographie
à l'Ecole Effet.
On le retrouve ainsi comme photographe assistant à Paris,
avant qu’il ne s’installe à Athènes, où il ouvre son propre
studio de photographie. Comme professionnel indépendant, il
se partagera entre une activité commerciale et une œuvre
personnelle. Dans son activité commerciale, il se tourne
vers la photo publicitaire et la photo de mode et collabore
avec de très grandes agences internationales : Leo Burnet,
Adel Saatchi & Saatchi et Publicis, entre autres, et de très
grands magazines, français notamment comme Elle Déco,
Marie Claire ou Le Figaro...
En parallèle à ses activités commerciales, il n’aura de
cesse de poursuivre des recherches personnelles, dans le
domaine de la photographie artistique en noir et blanc mais
aussi en couleur. Il expose ses photos à la Maison de la
Civilisation Espagnole à Athènes, à la librairie « Lemoni »
d'Athènes, comme au musée d'art folklorique de l'île
d'Egine, ainsi qu’à l'atelier « Thierry Jacob », à Paris.
Après cette brève introduction
biographique, évoquons l’exposition : À Sifnos.
Il n’y a pas
un Vanias Xydas mais plusieurs, même s’il s’agit toujours
d’un photographe des lignes et de la lumière.
On le voit
déjà dans sa production publicitaire où il magnifie les
objets comme s’ils portaient en eux-mêmes une pureté
minérale. Quand il saisit, par l’objectif, les instants
immobiles de corps habillés, il fige avec une justesse
tranquille l’équilibre des chairs et des recouvrements.
De même dans
ses paysages urbains et oniriques où arbres, ciel,
silhouettes semblent exister et respirer de toute éternité…
Mais, « à
Sifnos », il s’adonne à un art intime, étendu dans l’espace.
La mer y apparaît comme un drap plissé dévoilant
magnifiquement la terre dans des symphonies de bleus.
Le bleu
domine non point seulement comme l’aveu d’une île offerte et
rêvée, mais comme le miraculeux révélateur du croisement
parfait des plans. On songe intérieurement à une sorte de
fonction poétique et secrète d’un bleu de Méthylène
envahissant le monde.
Et ce,
jusque dans ces morceaux d’architecture qu’il isole,
libérant leur abstraction intégrale, non sans rappeler
justement un Poliakoff, par exemple, à ceci près que, par
son art de la photographie, il révèle la dimension onirique
du réel, d’une manière encore plus troublante que le ferait
un peintre.
Il traite
aussi les ocres en à-plats feutrés, illustrant l’alliance de
la terre et de la lumière, le mystère d’une vie à advenir.
Il y ajoute parfois des notes de grenat. « À Sifnos », dans
l’atmosphère enveloppante qui s’exhale ou qu’il exalte, il
brosse un éloge des gris, bistres, verts ou bleutés, dans
leur éclat sombre.
Plus
généralement, quelle que soit son approche – noir et blanc
ou couleur – et dans toute son œuvre, la lumière n’apparaît
pas comme la réflexion d’un rayonnement à la rencontre d’un
objet ; elle semble émaner des choses elles-mêmes. Elle
appartient à l’être entier du monde.
C’est ainsi,
sans doute, que l’artiste a défini son projet, depuis
l’origine. Pour lui, la réalité fait corps avec
l’imaginaire, dans une osmose matérielle qui rend grâce en
sourdine à la Création.
Marie Roblin
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